Cinq ans après la pandémie, le mot d’ordre « faire local » semble s’être dissipé avec le virus. Dans le Comminges comme ailleurs, la promesse d’un renouveau économique et solidaire peine à se concrétiser. Retour sur une idée pleine de sens, mais souvent mal comprise, entre réflexions avortées et perte de repères linguistiques.

Du slogan à la déclaration d’intention, l’invite fleurissait partout en résistance à l’invasion virale, souvent accompagnée de qualificatifs très forts¹ fleurant bon notre chère devise nationale². Le coronavirus désormais assoupi, qu’en est-il aujourd’hui ? La question mérite d’être posée. Mais avant tout : que faire localement ? Et comment ?

"Faire local"

Dans le contexte de l’époque, le terme « local » s’entendait selon plusieurs échelles géographiques : local à l’échelle nationale ou régionale, mais aussi local au sens territorial. Pour ce qui suit nous nous en tiendrons surtout au territoire du Comminges et de ses environs.

"Faire local" : besoins productions et réalités

Concernant les besoins spécifiques générés par la pandémie, notamment en matière de "consommables" (hors vaccins3), à l’exception d'une éphémère microproduction de masques, aucune activité ne s'est installée sur le territoire. Il valait d’ailleurs mieux ainsi : la quasi-totalité des entreprises créées ou développées en France à l'époque pour produire masques, gel hydroalcoolique et autres tests ont fait faillite une fois le virus "calmé". Les rares fabricants ayant survécu avaient eu la clairvoyance d’anticiper le caractère temporaire de l’épidémie, en investissant dans des productions alternatives et pérennes — contrairement aux opportunistes ou aux imprudents.

Quant aux exigences médicales en infrastructures, équipements et personnels induites par la pandémie, il est compréhensible que celle-ci n'ait pas eu de prolongements durables au niveau local4.

De la crise sanitaire ne subsisterait donc que l'enseignement des difficultés rencontrées à l'époque en matière d'approvisionnement, d'importation, face aux besoins locaux. Ces difficultés auraient pourtant pu – dû – susciter une réflexion globale, collective, objective, cohérente et véritablement proactive. Cela n'a manifestement pas été le cas5. Il suffit de parcourir le territoire, physiquement ou virtuellement, pour s'en convaincre.

Un territoire inchangé

Cinq ans plus tard, force est de constater que l'économie commingeoise demeure sensiblement la même : une économie de subsistance, et ce indépendamment du marasme national et international actuel.

Chercher à en comprendre les raisons suppose d'examiner les différents secteurs d'activité —primaire (exploitation des ressources naturelles), secondaire (transformation, activités manufacturières, construction, etc.), tertiaire (marchand), quaternaire (nouvelles technologies et activités transversales) — tout en considérant le rôle du secteur tertiaire non marchand (administrations et services publics).

Et la langue, dans tout cela ?

Avant tout, une observation mérite d’être faite : « faire local », dans une contrée de la patrie de Molière, devrait d’abord consister à valoriser notre belle langue — le français⁶.

La langue de Shakespeare est certes magnifique, mais à vouloir « faire local », et sauf à placer le Comminges dans le Yorkshire ou au Texas, est-il bien sérieux d’inonder nos espaces de « projets All Schools Gaming », « Saint-Gaudens D Day », « MDA Day », « Game Day » et autres newsletters ? Ou encore des « save the date » pour un « pitch », voire le combat mémorable « Black Friday vs Local Friday » organisé par Biocoop (Bazert et Saint-Gaudens) ?

Faire véritablement local semble donc devoir commencer par s’exprimer dans la langue… locale : le français⁶.. 

À suivre

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  1. « Durable », « solidaire », « écoresponsable », etc.
  2. « Liberté, égalité, fraternité » ou, plus justement de nos jours : « Liberté, égalité, fraternité », quoique...
  3. Le sujet dépasse ces quelques lignes par son ampleur. De plus on imagine mal l'Institut Pasteur (par exemple) installer une usine à Montréjeau (par exemple encore).
  4. Puisque nécessairement limitée dans le temps. Bien entendu, il en va différemment en matière de politique de santé au niveau national.
  5. Non plus au niveau régional, national ou européen d'évidence.
  6. Et, peut-être, l'occitan si ce n'est le... patois. 

 

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