« Et doit être remboursé ! Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager. » 

Un message plein de bon sens, n'est-ce pas ?

Et imposé par le législateur 1, autrement dit le Parlement 2, c'est-à-dire l'ensemble des députés et sénateurs 3 de ce pays élus, les premiers, par le bon peuple, les seconds, par d'autres élus du même bon peuple.

Une invitation à la prudence, à être raisonnable dans sa gestion ( on ne dit plus à gérer « comme un bon père de famille » aujourd'hui ).

 

Une élémentaire prudence dont le défaut, quand ce n'est pas un « accident de la vie », conduit invariablement à la catastrophe : saisies de biens, de salaires, etc. Une catastrophe non seulement matérielle, mais familiale et humaine aussi. 

Alors que les débats font rage à propos d'un introuvable budget, sur fond de déficit chronique, de dette abyssale et de désastre institutionnel, la question s'est soudain imposée : mais alors, ce même législateur, ces mêmes députés et sénateurs 3, auraient-ils négligé, méprisé toute prudence, auraient-ils foulé aux pieds, année après année, budget après budget, la raison qu'ils ont préconisée avec force de loi ? 

Mais qu'on se rassure, la France ne risque... rien, selon les économistes ! En effet, contrairement aux particuliers, la France (l'État, gouvernement, Parlement...) peut lever impôts et taxes à satiété. Enfin, presque.

Avant d'en arriver aux scuds fiscaux (et sociaux, d'ailleurs), nos aimables gestionnaires disposent d'un joker permanent : l'emprunt, encore lui ! En effet, contrairement à Mr et Mme X, devenues personæ non gratæ auprès des banques pour avoir défailli, la France peut emprunter encore et encore. C'est d'ailleurs ce dont nos gestionnaires ne se sont pas privés depuis des années pour parvenir à cette dette colossale (dont on ne sait plus très bien à quoi elle a bien pu servir...) : 3 345,8 milliards d'euros au premier trimestre 2025 4 !

Et comme c'est si facile, on en rajoute : l'Agence France Trésor (AFT) vient d'annoncer l'émission de titres 5 (nom pudique utilisé pour l'emprunt) pour 2026 à hauteur de... 310 milliards d'euros supplémentaires ! Dont 168 (milliards) serviront au... remboursement d'une fraction de la dette elle-même ! De quoi faire de Bernard Madoff un enfant de chœur.

Pour faire bonne mesure, il convient de s'intéresser aussi à ce qu'implique l'emprunt : les intérêts et les frais, car on n'imagine pas prêteur faire la charité.

En 2024, la charge d'intérêts de la dette publique s'est élevée à 58 milliards d'euros auxquels se sont ajoutés 2,3 milliards d'euros de frais bancaires 6. À rapprocher des 40 milliards d'économies recherchés par nos gestionnaires... Et, pour le montant des seuls frais bancaires, au rendement du nouveau doublement des franchises médicales et participations forfaitaires, soit 1,7 milliard d'euros...

Quant à lever impôts et taxes, une ligne rouge vif ne saurait être ignorée : le montant de l'épargne des ménages 7 dont on se rapproche dangereusement.

Finalement, il apparaît incontestablement que nos législateurs-gestionnaires ne sont pas raisonnables.

Peut-être serait-il judicieux d'en avoir désormais conscience lorsqu'il s'agira d'exercer sa citoyenneté. 

Henr RIUS 

_______

  1. Article L312-5 du code la consommation.
  2. Le "P" majuscule a été rétabli en correction...
  3. Et députées et sénatrices (ou sénateures, si vous préférez)...
  4. Soit 48 768 € par habitant.
  5. Projet de loi de finances pour 2026
  6. La charge d’intérêts de la dette publique (FIPECO)
  7. 3 869,2 milliards d'euros au premier trimestre 2025, hors produits de fonds propres (actions, fonds immobiliers et autres participations) - BDF 

 

Cdirect
Assistance
Rédaction

Calendrier

<<  <  Août 2025  >  >>
 Lu  Ma  Me  Je  Ve  Sa  Di 
      1  2  3
  4  5  6  7  8  910
11121314151617
18192021222324
25262728293031

Infolettre