Cinq ans après la pandémie, le mot d’ordre « faire local » semble s’être dissipé avec le virus. Dans le Comminges comme ailleurs, la promesse d’un renouveau économique et solidaire peine à se concrétiser. Retour sur une idée pleine de sens, mais souvent mal comprise, entre réflexions avortées et perte de repères linguistiques.
L'hiver approchant, Lucette* s'est mise en quête de bois pour son poêle.
Confrontée au défaut de son fournisseur commingeois habituel, Stéphane*, elle parcourt les annonces et son attention est attirée par une offre sur Facebook : 40 € TTC le stère en vrac livré alors que Stéphane, distant de 10 km, lui en demande 80 € TTC. À raison de 8 stères, l'économie serait substantielle au regard de sa très modeste retraite !
Réductions drastiques des subventions et baisse des dons ont mis à mal de nombreux organismes. Un contexte qui risque de se durcir encore avec la remise en cause des « niches fiscales » et l'hypothèse de suppression de la défiscalisation des dons.
« Et doit être remboursé ! Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager. »
Un message plein de bon sens, n'est-ce pas ?
Et imposé par le législateur 1, autrement dit le Parlement 2, c'est-à-dire l'ensemble des députés et sénateurs 3 de ce pays élus, les premiers, par le bon peuple, les seconds, par d'autres élus du même bon peuple.
Une invitation à la prudence, à être raisonnable dans sa gestion ( on ne dit plus à gérer « comme un bon père de famille » aujourd'hui ).
Une élémentaire prudence dont le défaut, quand ce n'est pas un « accident de la vie », conduit invariablement à la catastrophe : saisies de biens, de salaires, etc. Une catastrophe non seulement matérielle, mais familiale et humaine aussi.
Alors que les débats font rage à propos d'un introuvable budget, sur fond de déficit chronique, de dette abyssale et de désastre institutionnel, la question s'est soudain imposée : mais alors, ce même législateur, ces mêmes députés et sénateurs 3, auraient-ils négligé, méprisé toute prudence, auraient-ils foulé aux pieds, année après année, budget après budget, la raison qu'ils ont préconisée avec force de loi ?
Mais qu'on se rassure, Élysée et Tour Eiffel ne risquent pas la saisie ! La France ne risque... rien, selon les économistes : en effet, contrairement aux particuliers, la France (l'État : c'est-à-dire le gouvernement sur autorisation du Parlement...) peut lever impôts et taxes à satiété. Enfin, presque.
Avant d'en arriver aux scuds fiscaux (et sociaux, d'ailleurs), nos aimables gestionnaires disposent d'un joker permanent : l'emprunt, encore lui ! En effet, contrairement à Mr et Mme X, devenues personæ non gratæ auprès des banques pour avoir défailli, la France peut emprunter encore et encore. C'est d'ailleurs ce dont nos gestionnaires ne se sont pas privés depuis des années pour parvenir à cette dette colossale (dont on ne sait plus très bien à quoi elle a bien pu servir...) : 3 345,8 milliards d'euros au premier trimestre 2025 4 !
Et comme c'est si facile, on en rajoute : l'Agence France Trésor (AFT) vient d'annoncer l'émission de titres 5 (nom pudique utilisé pour l'emprunt) pour 2026 à hauteur de... 310 milliards d'euros supplémentaires ! Dont 168 (milliards) serviront au... remboursement d'une fraction de la dette elle-même ! De quoi faire de Bernard Madoff un enfant de chœur.
Pour faire bonne mesure, il convient de s'intéresser aussi à ce qu'implique l'emprunt : les intérêts et les frais, car on n'imagine pas prêteur faire la charité.
En 2024, la charge d'intérêts de la dette publique s'est élevée à 58 milliards d'euros auxquels se sont ajoutés 2,3 milliards d'euros de frais bancaires 6. À rapprocher des 40 milliards d'économies recherchés par nos gestionnaires... Et, pour le montant des seuls frais bancaires, au rendement du nouveau doublement des franchises médicales et participations forfaitaires, soit 1,7 milliard d'euros...
Quant à lever impôts et taxes, une ligne rouge vif ne saurait être ignorée : le montant de l'épargne des ménages 7 dont on se rapproche dangereusement.
Finalement, il semble que nos législateurs-gestionnaires ne sont pas vraiment... raisonnables.
Peut-être serait-il judicieux d'en avoir désormais conscience lorsqu'il s'agira d'exercer sa citoyenneté.
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Article L312-5 du code la consommation.
Le "P" majuscule a été rétabli en correction...
Et députées et sénatrices (ou sénateures, si vous préférez)...